La levure de riz rouge, ami ou ennemi ?

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Utilisée en chine à des fins culinaires mais aussi thérapeutiques pour améliorer la digestion, la levure de riz rouge est aussi reconnue pour ses effets hypocholestérolémiants.

De plus en plus de personnes souffrant d’hypercholestérolémie, souhaitent trouver une alternative aux statines, par la consommation de compléments alimentaires à base de levure de riz rouge.

Mais ces compléments alimentaires sont-ils sans risques ?

La levure de riz rouge tire sa couleur d’un pigment fongique (moisissure), appartenant au genre Monascus. Ce dernier va produire des composés appelés monacolines dont la principale est la monacoline K.

Cette monacoline K, présente les mêmes caractéristiques pharmacologiques que les statines dont le rôle est d’empêcher la synthèse de cholestérol.

La monacoline K, est dénommée aussi Lovastatine sous sa forme « médicamenteuse ».
Cette dernière n’est pas commercialisée en France, mais est utilisée dans certains pays comme les Etats-Unis, le Canada, l’Allemagne, l’Autriche, l’Espagne, le Portugal ou encore la Grèce.

Cependant en France, on trouve des compléments alimentaires qui contiennent de la levure de riz rouge et qui peuvent être achetés avec ou sans avis médical.

Etrange, pour un complément alimentaire qui provoque les mêmes effets que les statines et qui pourtant est délivré uniquement sur ordonnance et sous surveillance médicale !

Le dosage et les modalités d’administration seraient-ils inutiles pour la monacoline K ?

Malheureusement non…

La composition en monacoline K, des divers compléments alimentaires est très variable, et il n’existe pas de dosage standardisé.
Les teneurs en monacoline K ne sont pas toujours indiquées sur les emballages. Le contrôle de la « juste dose » est donc très difficile, voire impossible pour le consommateur.

Pourtant, en Europe la règlementation est très claire. Les compléments alimentaires contenant de la levure de riz rouge sont autorisés à condition que le produit permette une prise quotidienne de monacoline K ne dépassant pas 10 mg.
La levure de riz rouge doit donc être utilisée en respectant les précautions d’emploi et de contre-indications des médicaments contenant de la lovastatine.

Tout comme les statines, la levure de riz rouge n’est pas sans apporter sa dose d’effets secondaires comme des atteintes musculaires, des douleurs articulaires, des atteintes hépatiques, digestives, dermatologiques. Ces troubles sont plus élevés chez les personnes ayant déjà été traitées par des hypocholestérolémiants et ayant déjà rencontré ces effets.

Ils sont aussi plus importants pour des personnes atteintes d’insuffisance rénale, de pathologies musculaires ou d’hypothyroïdie non traitée.

Le cumul statine/levure de riz rouge est bien évidemment déconseillé pour éviter un risque de surdosage.

L’alimentation peut aussi jouer un rôle délétère. La consommation d’alcool et de jus de pamplemousse (ou fruit) n’est pas recommandée avec la prise de compléments alimentaires à base de levure de riz rouge faisant courir un risque de surdosage.
En dehors de ces effets, la levure de riz rouge peut encore nous réserver une petite surprise… sa toxicité.

En effet, la monacoline K possède des pigments rouges, jaunes et orangés dont la citrinine. Une mycotoxine présente en quantité variable selon la souche du Monascus utilisée pour ensemencer le riz.

Comme vous le voyez, la consommation de ce complément alimentaire n’est pas anodine pour votre santé. Par mesure de précaution, les personnes âgées de plus de 70 ans, les femmes enceintes, allaitantes ainsi que les enfants et adolescents ne doivent pas consommer de levure de riz rouge.

L’EFSA (Autorité Européenne de sécurité des aliments) a d’ailleurs émis des mises en garde sur l’allégation santé « contribue au maintien d’une cholestérolémie normale » puisque ces produits doivent être pris dans un contexte rigoureux et surveillé.

Le traitement de l’hypercholestérolémie repose sur un régime diététique adapté, la pratique d’une activité physique et l’avis de votre médecin ou cardiologue.

Il est donc fortement recommandé de consulter avant d’avaler votre première petite gélule de levure de riz rouge !

 

Article écrit par Géraldine Person, Diététicienne-Nutritionniste, Annecy